Selon un sondage de l’institut Odoxa pour Le Figaro, la plupart perçoivent que le tandem franco-allemand semble dysfonctionner.
Les signaux faibles sont préoccupants. Derrière les chiffres ultra-majoritaires célébrant la qualité de la relation franco-allemande, des fissures se dessinent. Certes, 82% des personnes interrogées par l’institut Odoxa pour Le Figaro ont une bonne opinion de l’Allemagne, et cela quelle que soit l’opinion politique. Même les sympathisants LFI ou RN, dont les partis professent régulièrement des discours antiallemands, ont une bonne image du pays (respectivement à 87% et 73%). 83% des Français considèrent aussi que la relation est bonne entre les deux pays. Mais le tandem franco-allemand semble dysfonctionner selon une grande partie des Français.
Le détail du sondage donne une appréciation plus fine du sentiment français envers l’Allemagne. Si 54% des personnes interrogées pensent que la relation est équilibrée, 37% pensent qu’elle profite d’abord à Berlin ; 8% qu’elle est favorable à la France.
Économiquement et politiquement, l’Allemagne semble avoir dicté sa loi en Europe depuis plus de vingt ans, qu’il s’agisse de critères de stabilité ou des politiques industrielles. Ce constat influe sur la perception des politiques communes. L’image globale de l’Allemagne, tout en restant bonne, a perdu 9 points depuis 2020. La cote de popularité du chancelier Olaf Scholz a aussi dégringolé en un an de 18 points de 83% à 65% d’opinions positives. Ce flottement dans l’opinion reflète les tensions politiques entre les deux gouvernements.
L’incompréhension règne. Sur les réseaux sociaux, analysés par Véronique Reille-Soult de Backbone Consulting, « les internautes déplorent que l’aiguille de la « boussole » franco-allemande pointe un peu trop vers Berlin », dit-elle. Sujet par sujet, les critiques se font entendre. Le principal porte sur le nucléaire. 51% des Français disent avoir une mauvaise opinion de la politique énergétique de l’Allemagne. L’abandon abrupt et non concerté du nucléaire par Angela Merkel en 2011 a laissé des traces. Depuis une décennie, les centrales à charbon allemandes polluent largement. À l’heure de la décarbonation des économies, le prix à payer est lourd. Pour soutenir le secteur des renouvelables, Berlin critique les choix français de relancer de nouvelles centrales.
Ce n’est pas le seul point d’achoppement. Mais étonnamment, la politique migratoire de l’Allemagne ne suscite pas de contestation majoritaire. Seulement 37% des personnes interrogées en ont une mauvaise opinion. Le choix assumé d’Angela Merkel de ne pas fermer les frontières du pays en 2015 avait sauvé des centaines de milliers de Syriens fuyant la guerre, mais il avait déstabilisé une politique d’asile européenne déjà très fragile. Globalement, 39% des personnes interrogées ont une mauvaise opinion des décisions allemandes sur les politiques européennes. Les résultats traduisent aussi un malentendu en France sur le fonctionnement de l’Europe. Berlin y posséderait une meilleure capacité à créer du compromis.
Source: Lefigaro