Saturday, July 27, 2024
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Collectif la Defco : quel est ce groupe dont Gérald Darmanin a annoncé la dissolution ?

by Anatole Fortescue
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Interpellé par le RN, le ministre de l’Intérieur assure vouloir dissoudre la Défense collective, un groupe autonome de soutien juridique aux manifestants arrêtés lors des mouvements sociaux.

Vers une deuxième procédure de dissolution en quelques jours après celle des Soulèvements de la Terre. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé ce dimanche 2 avril la dissolution du groupe la Défense collective («la Defco»), dans une interview sur le contexte des violences policières. «Nous avons identifié à Rennes un mouvement nommé Defco, qui appelle au soulèvement. Nous allons aussi lancer sa dissolution», a-t-il déclaré au JDD. Une décision qui intervient après la sortie du député Rassemblement national (RN) Laurent Jacobelli, «sur l’impunité des mouvements dits «antifas»» lors d’une session de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, en octobre.

«Comment se fait-il que ces groupes antifas puissent continuer à sévir impunément sur tout le territoire ?» avait interrogé l’élu d’extrême droite, demandant «quand ces associations seront enfin dissoutes et les auteurs d’actes d’intimidation et de violences condamnés». Laurent Jacobelli avait rappelé l’altercation lors de la visite du président du RN, Jordan Bardella, à Rennes, en septembre : «Celle-ci fut gravement perturbée par des antifas (environ 200) […]. Les échauffourées qui en ont découlé ont provoqué plusieurs blessés, dont un policier qui a perdu l’ouïe et deux véhicules brûlés.»

En retour, Gérald Darmanin avait mis en avant le fait que «la mouvance ultragauche est très présente et très active dans l’ouest de la France et notamment à Rennes», dans sa réponse à Laurent Jacobelli. «Il en est ainsi en particulier du groupement de fait Defco (Défense collective), à l’origine des troubles qui se sont déroulés à Bruz le 25 septembre 2022 à l’occasion de la venue de Jordan Bardella. […] Une «assemblée générale antifasciste de Rennes», dont des membres de Defco, s’est en effet réunie pour protester contre la venue de M. Bardella à Bruz.» A cette occasion, le ministre de l’Intérieur avait assuré «examiner» les agissements de ce groupement, «qui sera dissous si le droit le justifie».

Expertise et conseils juridiques

Mais en quoi consiste réellement la Defco ? «Le projet de créer la Défense collective est né d’une série de réflexions qui précède le mouvement sur la loi travail du printemps 2016, détaille le site internet du groupe, implanté à Rennes. Le projet s’est construit à partir d’expériences militantes passées et d’une série de constats d’échecs sur la capacité des groupes politiques et des manifestants à faire face à une répression policière et judiciaire en constante mutation depuis dix ans.» Le collectif est donc une legal team, censée apporter expertise et conseils juridiques aux personnes arrêtées en manifestation.

Sur son site internet, on retrouve par exemple un lexique sur les termes juridiques à connaître. Dénonçant le fichage par les autorités et la comparution immédiate, la Defco publie également des fiches pratiques pour se protéger en manif et préparer son procès. La Défense collective organise aussi des réunions publiques et des formations sur «l’anti-répression», et met en ligne des caisses de soutien pour les «inculpés des mouvements sociaux».

«Constituer une culture de la défense collective»

De la rue aux tribunaux, le groupe défend «un rapport et des positions politiques critiques assumées sur le rôle de la police ET de la justice». Il porte comme principe fondateur de «défendre de la répression toutes les initiatives collectives et individuelles en manifestation».

La Defco est bien implantée dans les facs, notamment à Rennes 2, où le collectif tient des assemblées générales et dans les lycées, où il participe à des blocages. «Bien qu’essentiellement centrée sur la défense en contexte de manifestation et en terrain juridique, la Défense collective ne considère pas ces terrains comme les seules cibles de son action et vise à constituer une culture de la défense collective», comme au travail ou dans les administrations. Le groupe existe aussi à Toulouse et Marseille. Ces antennes sont liées au mouvement des gilets jaunes, comme on peut le constater sur leurs pages Facebook.

Selon l’article L. 212-1 et suivants du code de la sécurité intérieure, Gérald Darmanin pourra bien dissoudre le groupe, s’il est démontré que son «objet ou action tend à porter atteinte à l’intégrité du territoire national ou à attenter par la force à la forme républicaine du gouvernement». Ou si son «activité tend à faire échec aux mesures concernant le rétablissement de la légalité républicaine». Contactée, l’antenne rennaise de la Défense collective renvoie vers son communiqué, publié ce mardi sur son site. «A notre connaissance, aucun courrier en vue d’une réelle procédure ne nous a été envoyé, nous n’avons donc aucune idée des motivations de cette éventuelle dissolution ni de l’entité qui serait visée.» Car selon le collectif, l’appellation «Defco» désignerait «toute pratique dite contestataire» aux yeux des autorités. «Impossible donc pour le moment de connaître l’étendue des personnes et groupes qui pourraient être concernés par la dissolution».

Le groupe estime également que «le timing de cette annonce» est «loin d’être anodin»«Dans cette séquence de conflit social où la répression policière et judiciaire atteint de nouveaux sommets […] le pouvoir semble désormais exprimer sa volonté de s’attaquer aux collectifs de soutien juridique et d’aide aux manifestants et manifestantes visés par la répression», poursuit le communiqué.

«Si la Défense Collective venait à être dissoute, c’est potentiellement toutes les structures anti-répression et legal teams du pays qui pourraient subir le même sort», s’inquiète le collectif. «Il nous apparaît clair qu’une telle procédure n’a pas pour but de viser la Défense Collective en tant que groupe, mais bien en tant que pratique. Car ce n’est pas une idéologie mais bien nos pratiques de défense face à la répression qui nous réunissent au sein de la DC», conclut le texte.

Source: Liberation

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