Les jours se suivent et se ressemblent au sein du camp présidentiel, où plusieurs élus et ministres ne cessent d’alerter contre « l’extrême gauche » de Jean-Luc Mélenchon. Ils accusent le camp de l’ex-candidat à la présidentielle d’utiliser la contestation contre la réforme des retraites pour instaurer le « chaos » dans le pays.
Ce mercredi 5 avril, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a multiplié les références à « l’ultra gauche » et « l’extrême gauche » pour désigner la NUPES lors de son audition à l’Assemblée nationale. Un argumentaire repris ce jeudi 6 avril par le ministre du Travail Olivier Dussopt. « Dans la période récente qui a organisé l’obstruction ? La France insoumise. Dans la période récente, ils ont tout fait pour délégitimer nos institutions », a déclaré sur BFMTV cet artisan de la réforme des retraites, assumant sur « certains aspects » mettre un signe égal entre le Rassemblement national et la France insoumise.
Ces critiques sont tellement récurrentes qu’elles ont inspiré une question ironique de Thomas Sotto, lors de son interview avec Éric Dupond-Moretti.
Renvoyer Le Pen et Mélenchon dos à dos
Réactivées à l’occasion de l’élection législative partielle en Ariège (vécue comme un « front républicain » anti-LFI chez certains macronistes), ces attaques ne sont pas nouvelles. Durant l’entre-deux tours des élections législatives au mois de juin, Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et leurs soutiens dépeignaient déjà Jean-Luc Mélenchon et les candidats de la NUPES en représentants de « l’extrême gauche ». Une façon de renvoyer dos à dos Marine Le Pen et l’ancien député des Bouches-du-Rhône, en les décrivant comme apôtres « des extrêmes » et donc, in fine, comme poursuivant des desseins comparables qui conduiraient à l’effondrement du pays.
Pour rappel, la France insoumise était alors décrite comme une entité « d’anarchistes » prônant le « désordre » ou la « soumission » à la Russie ou aux idées « antisémites ». Rien de moins. Mais est-ce valable ? Non. Comme nous l’expliquions à l’époque dans la vidéo en tête d’article, l’attaque ne tient pas. Car s’il est certain que Marine Le Pen, dans ses références, sa vision du monde ou son programme demeure d’extrême droite, les choses sont bien plus complexes pour Jean-Luc Mélenchon de l’autre côté de l’échiquier politique.
Car l’extrême gauche est un concept politique qui a une définition bien précise, qui ne correspond pas à ce que défendent la France insoumise et leurs alliés de la NUPES. Et pour cause, sont rangées dans cette catégorie les organisations révolutionnaires et anticapitalistes qui se fondent sur le rejet des institutions, comme le NPA ou Lutte ouvrière, et qui considèrent que le changement n’interviendra pas forcément par les urnes.
Pas classée « extrême gauche » par le ministère de l’Intérieur
Raison pour laquelle le ministère de l’Intérieur ne classe pas le parti de Jean-Luc Mélenchon dans la catégorie « extrême gauche » lors des différentes élections, à l’inverse des déclarations publiques de son ministre de tutelle Gérald Darmanin.
Côté programme, difficile de faire des insoumis et de leurs alliés des représentants de l’extrême gauche. Car l’augmentation du Smic, la nationalisation de certains secteurs ou l’abaissement de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans sont des mesures portées jadis par les socialistes.
Soit, la gauche dite « de gouvernement ». Même la désobéissance à certaines règles européennes figurait dans le programme commun ayant conduit Lionel Jospin à Matignon en 1997. À l’inverse, la réquisition des banques, le désarmement de la police ou la régularisation de tous les sans papiers (proposés lors de la présidentielle par Philippe Poutou et Nathalie Arthaud) n’ont jamais figuré dans le programme de la NUPES.
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Source: Yahoo